Traits en Savoie
Vous êtes ici : Accueil » Patrimoine » Les chevaux des mines. » La course à la production et au rendement (suite). Les chevaux des mines (...)

La course à la production et au rendement (suite). Les chevaux des mines (5).

D 31 décembre 2012     H 15:48     A Traitgenevois     C 0 messages


Suite de la première partie.
 
La présence de chevaux pour le transport au fond va également modifier la manière d’exploiter les gisements.
 
Roulage dans une mine.
© Collection Yves Paquette.
Les anciens moyens de portage et de traînage ne permettaient guère de s’éloigner de plus d’environ 300 mètres du puits. La conséquence était l’obligation de foncer de nombreux puits pour extraire le charbon de la veine. Or le foncage est coûteux.
Les chevaux vont porter la distance entre la taille et le puits d’extraction bien au delà du kilomètre réduisant considérablement le nombre de puits d’accès nécessaires et les frais qui résultent de leur construction.
 La chaîne de production énoncée précédemment se précise. Il y a plus de charbon abattu qu’il va falloir transporter rapidement et extraire avec la même célérité. Il est possible de la parcourir en sens inverse avec les mêmes conséquences : un progrès, où qu’il se situe, en entraine mécaniquement un autre en amont et en aval.
 

Toute ces innovations techniques vont avoir un profond impact sur la production.
A Rive-de-Gier la production passe à plus de 455 000 tonnes en 1841. Cette production été obtenue grâce au travail de 2356 ouvriers (dont 1730 au fond) et à 485 chevaux (dont 376 au fond). (1).
Voici l’évolution de la production dans le bassin de Rive-de-Gier telle que la rapporte Mr Leseure, ingénieur des mines.(2)
 
17 siècle 20 000 t par an soit au total 2 000 000 t
De 1700 à 1750 40 000 t par an soit au total 2 000 000 t
De 1750 à 1780 60 000 t par an soit au total 1 800 000 t
De 1781 à 1800 100 000 t par an soit au total 2 000 000 t
De 1800 à 1815 160 000 t par an soit au total 2 400 000 t
De 1815 à 1825 280 000 t par an soit au total 2 800 000 t
De 1825 à 1835 430 000 t par an soit au total 4 300 000 t
De 1835 à 1845 550 000 t par an soit au total 5 500 000 t
De 1845 à 1855 650 000 t par an soit au total 6 500 000 t
1856 1857 et 1858 pour un total de 1 850 000 t
Total 31 150 000 t

 

Bien entendu, l’utilisation des chevaux au fond n’est pas la seule raison de l’augmentation de la production. Mais elle y participe amplement.
Le tableau ci-dessous nous donne quelques indications sur ces raisons à travers les moyens mis en œuvre (2).
On peut y voir l’importance prise par les chevaux jusqu’en 1845, la montée en puissance des machines d’extraction et l’effondrement de l’utilisation des machines à molettes (Vargues).
La baisse du nombre de chevaux est à mettre en parallèle avec la diminution du nombre de puits et le changement des techniques d’extractions.
Il n’est pas précisé le nombre de chevaux au fond et en surface. Ces derniers ont probablement régressé en quantité du fait de la mécanisation naissante. Mais ceci n’explique pas tout dans cette réduction des effectifs.
 
La production sur l’ensemble du territoire quintuple entre 1820 et 1850.
A partir de 1895 l’usage de l’air comprimé et l’électricité se développera dans les mines. La production ira croissante à mesure de la mécanisation des opérations.
Le Nord/Pas-de-Calais remplacera le bassin de Rive-de-Gier comme premier bassin de production français à partir de 1860.
 

"En 1930- à l’apogée de l’utilisation du cheval pour la traction du fond- le Nord/Pas-de-Calais, atteint un niveau jamais égalé avec 35 millions de tonnes, soit 67% de la production nationale. La mécanisation est le facteur déterminant de l’augmentation considérable de la production charbonnière mondiale qui dépasse en 1930 le milliard de tonnes extraites contre 650 millions en 1900" (3).

La production nationale passera de 46,6 millions de tonnes en 1946 à 58,9 millions de tonnes en 1958. A cette époque les chevaux auront presque disparu des mines françaises (4).
 
Les chemins de fer transporteront le charbon jusqu’au coeur des grandes villes comme ici à Paris.
© Collection Yves Paquette.

Il faut aussi dire un mot sur les transports. Le charbon sera souvent à la base d’une modernisation des transports. Les routes seront améliorées, des voies de chemin de fer seront construites pour transporter le minerai (St Etienne, La Mure). Certaines mines souffriront de leur enclavement qui sera un frein à leur développement (Carmaux). Ainsi la chaîne évoquée plus haut est complête. Elle ira en se modernisant sans cesse.

Note.
Tous ces chiffres, ainsi que ceux de la première partie, sont à prendre avec précaution et ne sont là que pour donner des ordres de grandeur. D’abord ils varient d’un auteur à un autre : les situations des diverses exploitations sont différentes par la nature de leur gisement, par l’organisation des compagnies et par le matériel utilisé. Il faudrait tout ramener au rendement ; il sera extrait plus de houille avec plus de puits sans que le rendement soit meilleur pour cela.
Les auteurs ne citent pas toujours leurs sources ni l’année prise en compte. Or les changements peuvent être importants (ou non) selon l’époque considérée.
 
A suivre.
 
Reproduction des textes et photos strictement interdite sans autorisation.
 
 
 
(1) Alphonse Meugy-Historique des mines de Rive-de-Gier. Carillan-Goeury et Veuve Dalmont. Paris 1848.
(2) Notes statistiques sur l’industrie minérale de Rive-de-Gier. Bulletin de la Société
de l’industrie minérale. Tome V 1859-1860. Paris Dalmont et Dunod.
(3)Tiré du livre "Les chevaux de mine retrouvés" de Sylvain Post (avec la participation du docteur Pascale Kientz-Lahner et de Jacques Urek), disponible en libraire, sur commande aux Ed. De Borée Diffusion.
(4) Charbonnages de France.