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L’organisation : chiffrer l’effort et le travail (1ère partie). Les chevaux des mines (7).

D 11 février 2013     H 09:48     A Traitgenevois     C 0 messages


 Une des préoccupations des compagnies des mines concernant les chevaux est leur utilisation la plus rationnelle possible.
Comment en tirer le meilleur parti, nous sommes dans une entreprise industrielle, sans mettre la santé des chevaux en danger, il faut assurer leur disponibilité et c’est également un investissement important.
 
La Société des anciens élèves de l’école spéciale de commerce, d’industrie et des mines du Hainaut note dans son bulletin N°7 de 1860
" Les frais de main d’ œuvre d’ amortissement et d’ entretien des moteurs qui résultent du transport par chevaux dans l ’intérieur des mines de houille constituent actuellement pour un grand nombre d’ exploitations une des principales dépenses dont l’ importance s’ accroîtra de jour en jour avec l’ allongement continuel des galeries principales. Il existe des mines en Belgique où ces dépenses s’ élèvent déjà annuellement à des sommes de 40,000 à 50,000 francs pour des productions de 120,000 à 140,000 tonneaux en charbon et en terres. L’ importance de ces chiffres me semble assez grande pour motiver un examen sérieux de la question du transport par chevaux " (1).
 
Les ingénieurs et vétérinaires vont tenter à travers des calculs et mesures sur le terrain de déterminer le travail raisonnable à demander aux chevaux des mines.
De même, ils vont étudier les effets de l’environnement minier sur ce travail.
 
En 1860,G.L. Cornet écrit :
"Dans les mines on ne peut guère exiger des chevaux qui y sont employés des efforts de plus de 55 k avec une vitesse de 0m90. La durée de leur travail réel journalier ne dépasse pas ordinairement 6 heures à cause des retards de toutes espèces qui surviennent toujours dans les exploitations. Un cheval de mine ordinaire pourrait donc fournir par journée un travail de 55 x 0 90 x 3600 x 6= 1.069 200 km " (1).
 
 En 1895, le docteur vétérinaire Ernest Boissier d’Alès, publie ses observations sur le travail du cheval dans les mines. Il conclut quant à lui qu’on ne peut pas demander aux chevaux des mines un travail supérieur à 2 000 000 kgm par journée de travail. de 8 heures.
 
En 1926, André Delleau chiffre à environ 1 857 000 kgm pour une journée de 8 heures le maximum à demander à un cheval de mine.
 
Le pas est l’allure prise en compte avec une vitesse qui s’échelonne selon les auteurs de 0,90m à 1m10 par seconde.
Tous indiquent les difficultés qu’il y a à obtenir des mesures fiables tant il y a de facteurs qui influent sur les résultats : état des voies, graissage et entretien du matériel roulant, habileté du charretier, dressage et morphologie du cheval, aérage et pente des galeries.
Sans compter que les conditions de travail changent d’une compagnie minière à une autre.
 
Les différents auteurs rappellent que des voies sales et mal entretenues sont un obstacle à un bon roulage.
La résistance au roulement d’une voie boueuse peut s’en trouver augmentée d’un facteur de 1 à 10 ou à 15 par rapport à une voie sèche.
 
La boue qui va rendre le sol glissant est un handicap pour le cheval qui, à, chaque démarrage, doit employer toute sa puissance pour vaincre l’inertie du convoi.
Un sol en pierre ou pavé est à proscrire à cause du faible appui qu’il procure aux chevaux.
Un mauvais entretien des voies est responsable de fréquents déraillements. Outre le temps perdu, ils constituent une fatigue supplémentaire pour l’homme chargé de remettre les wagonnets sur les rails et pour le cheval qui doit de nouveau ébranler un convoi à l’arrêt.
Cependant les choses ne sont pas si simples dans un environnement au sol mouvant qui parfois affecte le parallélisme des voies entrainant des déraillements.
 
Le tracé des courbes est également l’objet d’une attention particulière. L’effort demandé au cheval croit avec la diminution du rayon de la courbe. En 1870, Ami Théodore Ponson donne un rayon minimum de 3 à 4 mètres. Mais il concède qu’il peut néanmoins descendre parfois à 2 à 3m.
Les voies des chemin de fer des galeries sont des voie étroites (0,40m à 0,80m) qui permettent des courbes plus serrées que les voies plus larges. A. Delleau estime à 50% ou même 100% l’augmentation de l’effort du cheval dans des courbes de petit rayon.
 
Le docteur vétérinaire Emile Boissier va s’appuyer sur les travaux de Crevat et Baron et mener ses propres expériences à l’aide d’un dynamomètre. Il étudie les efforts demandés aux chevaux au démarrage des convois.
Dynamomètre de Poncelet- Eléments de mécanique. Henri Garcet-Paris-1856.
 
Il écrit " En résumé il ressort des nombreux essais que j’ai fait, que l’effort au démarrage exercé par un cheval sur un convoi de 5 wagonnets d’un poids total de 6000 kilos (sur voie horizontale) est d’environ de 390 kilos, 65 kilos par tonne ou 6 et demi pour cent de la charge." (2).
 
 
Wagon des mines d’Anzin, équipé d’essieux patent et de roues en fonte. d’un diamètre de 34cm. Construit par Mr Cabany, ingénieur à Anzin. Milieu du 19ème siècle.Amédée Burat Géologie appliquée.
 
Les matériels roulants devaient être correctement graissés. Les premiers charriots des mines étaient graissés à chaque voyage, ce qui occasionnait pertes de temps,dépenses, graissages irréguliers et parfois oublis. L’introduction des essieux patents et plus tard des roulements à billes réduiront ces problèmes.
Les essieux patents par exemple ne seront remplis d’huile qu’environ tous les quinze jours.
 
De même,les améliorations porteront sur les voies de roulement.
D’abord en bois elles évolueront vers des voies en fonte à ornières creuses. mais celles-ci s’encrassent, rapidement bouchées par la boue.L’étape suivante verra l’adoption de chemins de fer composés de méplats métalliques posés sur le champ pour enfin aboutir au rail champignon et au rail Vignole.
 
L’habileté et le respect du cheval sont également mis en avant dans l’appréciation d’un bon usage des équidés et du travail que l’on peut leur demander.
E. Boissier relève la difficulté qu’il y a à trouver de bons chevaux de service mais insiste sur le fait qu’il est encore plus difficile de trouver un bon charretier.
Il dénonce le manque de soin qui trop souvent préside au choix du meneur. Il impute aussi le manque de respect dû aux chevaux et le dépassement de leurs capacités de travail aux conditions salariales.
Certains rouleurs sont payés avec une part fixe assez basse et une part variable dépendant du nombre de wagons sortis. Le résultat étant d’user prématurément les chevaux par une utilisation intensive . Nous reviendrons plus loin sur les conditions de travail.
 
 
 A suivre.
 
  
(1) Quelques observations à propos du transport par chevaux à l’intérieur des mines. G.L Cornet . Société des anciens élèves de l’école spéciale de commerce, d’industrie et des mines du Hainaut . Bulletin N°7. Mons. Imprimerie Masquiller et Lamir. 1860.
 
(2) Mémoires et compte-rendus de la société scientifique et littéraire d’Alais. Alais 1895. Ernest Boissier.
 
(3) Annale des mines MÉMOIRE Sur le transport intérieur dans les mines de houille de Saint Etienne et de Rive de Gier Par M GERVOY. Ingénieur des mines PARIS CHEZ CARILIAN GOEURY.ÉDITEUR LIBRAIRE. 1836

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Les cartes postales du portfolio sont issues de la collection de Mr Yves Paquette.

Portfolio

  • 01 . Dynamomètre utilisé par les mines de La Machine (Nièvre). Musée de La (...)

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