Traits en Savoie
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La charrue Dombasle.

D 5 janvier 2011     H 14:24     A Traitgenevois     C 0 messages


Dans le cadre du vidage d’un étang,une fête s’est tenue, l’automne dernier, dans les Dombes (Ain) à l’instigation et à proximité du Parc des oiseaux de Villars les Dombes.
 
Divers stands de produits régionaux,ainsi que la vente de poissons de l’étang,étaient proposés au public.
 
Se sont déroulés, entre autre ,une démonstration de débardage avec Ardennais et Traits du Nord et un labour avec une charrue Dombasle tirée par deux Comtois.
Ce nom ,Dombasle, n’a rien à voir avec les Dombes,mais est attaché à celui de son concepteur,Mathieu de Dombasle.
 
Buste de Mathieu de Dombasle,à Dombasle-sur-Meurthe.Photo Herr Staz.
C.J.A. Mathieu de Dombasle nait à Nancy en 1777 et y décède le 28 décembre 1843.
Il est considéré par beaucoup comme le père fondateur de l’enseignement supérieur agronomique.
 
En 1822 il crée,avec Antoine Bertier,une ferme exemplaire à Roville devant Bayon .Il y enseigne la botanique,la géométrie,l’agriculture, etc...
 
Sa charrue,la "charrue Dombasle" semble apparaitre vers 1816/1817.Ce n’est pas à proprement parler une invention
Mathieu de Dombasle œuvre plutôt à l’amélioration d’outils déjà existant.
Il s’engage résolument dans le diffusion de la charrue de son "invention" auprès des agriculteurs.
Il mène une réflexion sur la charrue et théorise son fonctionnement.
 
Mathieu de Dombasle s’est intéressé à la charrue afin de répondre à ses besoins concernant le labour de ses terres de Lorraine.Il conjugue alors théorie et observation du travail des valets de ferme.Il a une vision aussi bien théorique que pratique.
 
C’est ainsi qu’il en arrive à préconiser l’utilisation d’une charrue sans avant-train et à en assurer la fabrication dans son atelier de Roville.
 
Monument de Roville-devant-Bayon.
Cependant la charrue présentée ici n’est pas au sens strict une "Dombasle" répondant aux critères de la charrue de 1820.Celle ci en effet ne possède qu’un mancheron contrairement à celle de la démonstration.
 
La suppression de l’avant-train est avant tout destinée à permettre un labour profond dans les terres lourdes qui sont celles de la ferme modèle que Mathieu de Dombasle exploite à Roville en Lorraine.
 
Mathieu de Dombasle dans ses écrits ,fait le reproche à l’avant-train d’éloigner la ligne de traction de la ligne idéale,d’augmenter le poids à tirer du fait de son poids propre mais aussi à cause de la terre qui s’y colle,d’augmenter le frottement.
Aussi ce type de charrue nécessite t-il l’emploi de nombreux animaux de trait .
Le remède qu’il propose est la suppression de cet avant-train.
 
La charrue sans avant-train,ou charrue simple, qu’il met en avant aura,à son avis, l’avantage de non seulement permettre un labour plus profond mais aussi de réduire le nombre d’animaux,chevaux ou bœufs , nécessaires à la traction.La présence d’un seul mancheron autorise également la conduite par un seul homme.
D’ où une économie de main d’œuvre et d’animaux pour les agriculteurs.
Mathieu de Dombasle se livrera d’ailleurs au calcul de l’économie ainsi réalisée.
 
La disparition de l’avant-train donne au régulateur une importance capitale pour le réglage de la charrue.
Cette nouvelle disposition requiert des laboureurs un réglage précis et un changement des habitudes :
« la charrue simple s’enfonce, lorsqu’on
soulève les mancherons ; elle sort de terre, ou prend moins de profondeur, lorsqu’on presse sur les manches ; ces mouvemens [sic.] sont tout l’opposé de ceux qu’exige la charrue à avant-train.
Lorsqu’on veut prendre plus de largeur de raie, on incline légèrement la charrue à droite, et on l’incline au contraire un peu vers la gauche, lorsqu’on veut diminuer la largeur de la raie, ou plutôt de la tranche de terre que prend la charrue.
 » Ainsi « le laboureur qui manie pour la première fois une charrue sans roues, [doit] se déshabituer des efforts violens qu’il était obligé de faire en conduisant une charrue à avant-train ; et à s’accoutumer aux mouvemens différens que l’autre exige [sic.]. » (Mathieu de Dombasle, 1821)
 
A partir des années 1830 Mathieu de Dombasle infléchit quelque peu ses vues.
Il concède que "pour quelques cas particuliers l’emploi de l’avant-train est utile:par exemple pour un labour très superficiel..."
 
Cliquer sur le lien pour voir une Dombasle à avant-train amovible.
 
S’appuyant sur la pratique et l’observation,Mathieu de Dombasle perfectionnera sans cesse ses charrues.
Entre 1823 et 1834 ce sont plus de 3200 charrues qui sortiront des ateliers de Roville.
 
Début 1843,la ferme et l’école d’agriculture disparaissent peu avant leur fondateur.
La fabrique de matériels aratoires est,depuis 1839, délocalisée à Nancy .
 
Pour en savoir plus consulter les sources :
 
 
 
 
LA CHARRUE "DOMBASLE" (C. 1814-C.1821) : HISTOIRE D’UNE INNOVATION EN MATIERE DE TRAVAIL DU SOL.
Agronomie et innovation-Le cas Mathieu de Dombasle-Par Fabien Knittel-Presses Universitaires de Nancy-oct. 2009.