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Semoir chevalier : 3ème partie

D 28 février 2010     H 17:13     A Traitgenevois     C 0 messages


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LA FAMILLE CHEVALIER.
Jean Chevalier nait le 9 floréal de l’an IV de la République (28 avril 1797).
Il est le lointain descendant d’une vieille famille dont il est possible de retrouver la trace en 1390.
La famille recèle un nombre important de prêtres,hommes de loi et de responsables municipaux (maires,greffiers de justice...).Une de ses branches sera à l’origine des seigneurs de Ferney.
Au moment de sa naissance le village d’Ornex compte environ 200 habitants.
L’acte de naissance nous indique qu’il est le fils d’Antoine Chevalier et de Raymondine Gueny son épouse.
Antoine décèdera le 18 août 1830 à l’age de 82 ans.
Jean Chevalier occupera des fonctions officielles à Ornex dont il sera maire de 1848 à 1875.
Il sait compter,lire et écrire d’une belle écriture cursive.Ce qui laisse supposer qu’il a fait des études.
Il aura 2 filles et 2 fils.L’un d’eux Jean Auguste,né en 1843 lui succédera à la forge.
Jean Chevalier s’éteindra le 4 janvier 1879 à Ornex.

Le fils de Jean Auguste,Louis Auguste né en 1880, prendra à son tour la succession de son père comme charron forgeron à Ornex.
Sur cette photo on peut voir Jean Auguste ,avec la maquette, et Louis Auguste,derrière lui,poser avec leur famille.
La disparition,à 21 ans,du fils de Louis Auguste,Henri Chevalier ,sonnera le glas de la forge.
Sans héritier masculin,Louis Auguste continuera à y travailler laissant l’activité s’éteindre peu à peu.Il est le dernier utilisateur de la forge à poser avec le semoir et sa maquette.
Il disparaitra en 1968 et avec lui le nom des Chevalier à Ornex.

LA FORGE
La forge se trouve dans le quartier de la Tour à Ornex.Elle est située à l’opposé du bâtiment que l’on voit ici.
Le premier document de compte en notre possession date de 1831.
A cette époque l’activité de Jean Chevalier est celle d’un charron de village.
Le livre fait apparaitre toutes sortes de réparations et d’entretiens :
Gonds,portes,fenêtres,charrues,fabrications diverses de clous,boulons etc...
Il ferre les chevaux et les bœufs.
Il fabrique des charrues,des cultivateurs et aussi des balances romaines.
L’agriculture l’occupe beaucoup.
Il vend du blé,de l’orge, il laboure et sème chez des habitants des alentours.
C’est d’ailleurs comme cultivateur qu’il apparait sur les documents officiels et jamais comme charron.
La forge aujourd’hui.

Jean Chevalier emploiera plusieurs ouvriers pour faire tourner son affaire.
Il ne contentera pas de fabriquer son semoir.Il se diversifiera dans le fabrication de différentes machines agricoles...
...comme le prouvent ces plaques...
...reçues lors d’un concours...
...à Annecy en 1865.
Celle-ci,brisée par sa moitié,nous raconte une anecdote.
Il arrivait à Louis Auguste d’être de fort méchante humeur lors de son travail dans la forge. C’est lors d’une de ces colères qu’il brisa cette plaque.

LES CLIENTS
L’aire de répartition géographique de ceux-ci est vaste.
Mise à part le toute proche région,ils se trouvent surtout dans la plaine de la Beauce et dans le bassin parisien.Régions qui,à l’époque, ravitaillaient Paris.Mais ils se rencontrent aussi en, Languedoc, dans le Saumurois etc...
Le livre de compte nous renseigne également sur leurs professions.On y trouve :
18 propriétaires sans que soient précisées leurs professions.
18 fermiers et cultivateurs.
2 meuniers.
3 grands domaines (Chateau d’Esclimont ((De La Rochefoucault)28),le domaine de Gignac(34),le château de Cornaton.(01).
1 docteur.
1 avocat.
1 ingénieur .
1 fabricant d’instruments aratoires.
2 tuiliers.
1 percepteur.
4 maires ou adjoints au maire.
1 président de société d’agriculture.
Beaucoup de professions ne sont pas renseignées.
 
LES PRIX
Nous avons vu dans la deuxième partie que le prix des semoirs oscillaient entre 210 et 320 francs.
Pour se donner une idée de ce que cela représente voici quelques prix relevés dans le livre de compte de Jean Chevalier entre 1856 et 1860 :
Le kilo de sel est à 11 centimes.
Le kilo de riz est à 58 centimes.
100 kilos de charbon valent 8 francs.
Le quintal de farine est à 27 francs.
Le veau (probablement sur pied) est à 61 centimes le kilo.
Une centaine de tuiles vaut 4F66.

LE PAYS DE GEX .
Le Pays de Gex est une bande de terre de 426 km2 coincée entre la chaîne du Jura et la Suisse reliée au reste du territoire par trois routes.
Il est divisé administrativement en trois cantons:Collonges,Ferney et Gex.
Sous le second empire l’agriculture y est prédominante.Mais les trois cantons sont dissemblables.
Le canton de Collonges est le plus autarcique et le moins mécanisé.Durant la période 1856/1860 il ne s’y vendra qu’un seul semoir alors qu’il s’en vend 25 dans le reste du Pays de Gex.
Les deux autres cantons, à des degrés divers,assurent une partie de leur approvisionnement et exportent vers Genève.

LES CHEVAUX
Les chevaux sont minoritaires comme animaux de trait.
En 1852, 1916 bœufs et vaches sont utilisés pour les travaux contre seulement 529 chevaux.
Là encore il y a disparité entre les cantons puisque Collonges emploie principalement des bœufs et n’utilise que 64 chevaux .
Gex et la partie montagneuse se servent plus volontiers des chevaux alors que Ferney fait une utilisation mixte (bœufs et chevaux) de la traction animale.
Dans la zone montagnarde les chevaux sont utilisés au débardage.
Anes,ânesses,mules et mulets seront utilisés pour le roulage ou par les meuniers.
Si le canton de Collonges utilise des chevaux Comtois, ceux de Gex et Ferney ont plus souvent recours à des chevaux suisses.
Souvent ce sont les femmes,les hommes et les enfants qui fournissent l’énergie nécessaire aux travaux des champs.
Jean Chevalier dans ses activités de maréchalerie ferre chevaux et bœufs.
Jusque vers les années 1960 il sera encore possible de voir le maréchal-ferrant ferrer des chevaux de trait ,comme sur ce cliché pris à Gex la ville.

EPILOGUE( provisoire ?).
Il ne s’agit ici que d’un survol destiné à faire connaitre l’histoire de ce semoir, à le replacer dans son environnement économique et humain.
Il manque beaucoup de pièces au puzzle.
Peut-être avez vous une de ces pièces:un semoir,une photo,une date de fabrication,un acte commercial,un témoignage etc...
Peut-être y a t-il des erreurs ou approximations. Si c’est le cas, merci de nous contacter ici pour mettre à jour le dossier.

SOURCES
Tout d’abord nos remerciements vont à Christophe et Frédéric Jacquemet qui nous ont permis d’accéder aux documents et photos concernant la famille Chevalier.
A Michel P. qui possède le semoir à la base de tous ces articles.
Afin de puiser des renseignements sur le pays de Gex nous avons également consulter divers ouvrages :
Sur l’histoire d’Ornex : Ornex-Histoire d’un terroir et d’une communauté. A. Mélo.Edition Ornex-Histoire-1985
Sur l’histoire du Pays de Gex : Histoire du pays de Gex de 1601 à nos jours.Ouvrage collectif. Editions Intersections 1989.
Qui veut en apprendre plus pourra s’y référer.
Anne-Marie Prodon nous a très obligeamment permis la reproduction de la photo du maréchal-ferrant tirée de son ouvrage"On m’a dit à la ferme." Anne-Marie Prodon.Editions Cabétia.2004.
La reproduction de l’acte de naissance de Jean Chevalier nous a été aimablement autorisée par les Archives départementales de l’Ain.Le document se trouve dans les archives numérisées.Cote:2 E 28.103 A.D.Ain.
Le site de la mairie d’Ornex qui nous a permis de faire des liens :http://www.ornex.fr/index2.htm

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